La pauvreté africaine est essentiellement mentale, ce qui veut dire que ce n'est pas l'Afrique qui est pauvre, mais l'humain qui habite sur le sol africain. L'Africain se fait donc volontairement pauvre pour que s'enrichisse l'occident, l'Africain se suicide pour que vive l'enfant occidental, l'Africain extermine les siens pour faire place à l'enfant occidental qui doit régner sur l'Afrique. L'Africain saura-t-il un jour se libérer des sangles mentales qui le paralysent tant?
ou
Binvenue au royaume du sida
ISBN-978-0-9930491-70
L’abbé Baba reçoit les confessions des personnes malades du sida internées dans un centre d’isolement, en attendant leur mort imminente.
De l’infirmière qui inoculait le poison dans la chair de ses patients, à l’officier de l’armée congolaise qui distillait le virus pour se venger des filles mineures qui lui auraient transmis le VIH, sans oublier le médecin occidental humanitaire qui empoisonnait les Africains pour les punir, l’abbé Baba, tenu au secret professionnel, n’avait jamais trahi son engagement et observait silencieusement la propagation massive du VIH dans la ville de Dolisie et dans tout le Congo, sous le regard indifférent du monde. Mais lorsque le poids de la conscience humaine prit le dessus sur ses obligations sacerdotales, quelques heures avant sa mort, il décida de briser le silence et de confier les secrets du confessionnal à un éditeur qui, à son tour, décida de les publier.
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Bienvenue au royaume du sida, nouveau roman de Marie-Louise ABIA, paru aux Editions de l'onde/J&R Publishing, est un véritable cri d’alarme à propos du sida en Afrique subsaharienne.
Le sida, ce fléau qui ravage des populations sans distinction d’âge, de race ni de rang social, anéantit le monde, mais l’Afrique un peu plus qu’ailleurs.
Qui peut se targuer aujourd’hui d’être totalement à l’abri de cette maladie ? Sans doute personne car une banale erreur médicale ou une petite négligence quelconque pourrait nous surprendre et nous exposer à ce redoutable adversaire qui s’avère, jusqu’ici, plus fort que nous.
Le sida n’est, ni plus ni moins, une maladie qu’une autre, pourtant à celle-là, nous apposons très souvent un label de mise en quarantaine qui nous oblige à rejeter l’autre dès qu’il en est atteint, augmentant ainsi l’intensité de sa souffrance, ou les risques de propagation massive et sournoise.
En Afrique, plus particulièrement, où la pauvreté matérielle engendre la pauvreté intellectuelle, même des plus érudits, les malades atteints du sida perdent leur identité humaine et se voient souvent infliger les pires sentences qui soient, allant d’une simple culpabilité au bannissement total.
A travers ses écrits, Marie-Louise ABIA dépeint cette double souffrance qui ne trouve d’écho salutaire nulle part, une souffrance que même la mort ne veut abréger car elle tarde à venir.
Bienvenue au royaume du sida, ce dernier roman de Marie-Louise ABIA, relate avec dextérité le quotidien, mouvementé ou ordinaire, de quatre personnages qui, au cours de leur vie, ont eu le malheur de croiser le regard du VIH et d’en être foudroyés.
Dans ce roman bouleversant, l’auteur dénonce la corruption mentale, l'irresponsabilité et l'inconscience populaires, la cruauté de certains africains face à la réalité, ainsi que la criminalité impunie et le cynisme de certains hommes de pouvoir qui, profitant de l’innocence ou de la paupérisation du peuple, propagent volontairement et sadiquement le VIH.
EXTRAITS
—Tu sais, Yoyo, lui dis-je, je préfère quand même ne m’engager dans une relation que lorsque mon cœur y va en premier, j’aime être courtisée et me sentir désirée, c’est très romantique et j’aime le romantisme !
— Tu veux dire avec des fleurs, des cadeaux, de belles paroles, etc. ?
— Oui, et j’adore ça !
— Je vais te dire un truc ; les hommes romantiques, ça travaille comme simple employé, ça gagne cinquante mille francs CFA par mois, ça dépense quarante mille francs pour le loyer car c’est toujours locataire, et ça vit avec dix mille francs CFA. Les fleurs et les cadeaux, ce n’est peut-être pas garanti, mais les belles paroles, ça, c’est garanti ; tu sais pourquoi ?
— Pourquoi ?
— Parce qu’ils sont pauvres, ma vieille ! Et si en plus de cela ils se faisaient méchants, ils n’auront pas de femmes et leur malheur serait immense ! Personne ne voudrait être avec un homme pauvre et méchant ! Tu vois ? […]
— Le monsieur qui est assis à côté de toi, c’est le maire de la ville, tu le sais ?
— Oui !.. Et alors ?
— Doux Jésus !.. Qu’est-ce que tu es bête !.... Alors, ça veut dire qu’il a beaucoup d’argent tout le long de son corps et qu’il ne sait pas quoi en faire ! Ne crains rien, cause avec lui, il ne te demandera jamais si tu es bonne en maths ou en physique, il se contera juste de savoir si tu es bonne au lit. Si tu peux l’emporter au septième ciel ce soir, tu auras un paquet d’argent ce soir même !…Tu as compris maintenant ? […]
— Mais c’est de ton copain qu’il s’agit, Yoyo!
— Oh, mon Dieu, arrête de m’insulter, tu vis dans quel monde, toi ? Tu as vu l’espèce ? Tu crois qu’il a l’air d’un copain, lui ? Il n’est le copain de personne ! Cet homme que tu vois là, est maire de la ville de Brazza, mais il n’a pas passé de concours pour y arriver, si tu lui demandes d’épeler son propre nom, il confondra le «o» et le « a », tu comprends ?
— Non, Yoyo, je ne comprends toujours pas !
— Alors, je t’explique : tu sais qu’au Congo pour obtenir un poste important, il suffit de s’allonger sur le canapé installé dans le cabinet du président de la république – quand tu es une femme –, ou de prêter ta femme au président de la république pour une séance de récréation – quand tu es un homme, d’accord?
— Ah, bon?
— Eh oui, ma vieille ! Bienvenue au Congo !… Et c’est ce que cet homme a dû faire pour être maire de la ville. Ce qui justifie qu’il ait beaucoup d’argent à sa disposition et qu’il ne sache pas quoi en faire !
— Mais c'est tout de même ton copain !
— Mais non !... Idiote !… Je comprends pourquoi ton homme t’a larguée, tu ne piges rien, tu es sourde ou quoi ?... Tu n'as rien compris ?... Écoute bien !... Lui, c'est un type sans éducation qui a eu la chance d'être devenu – grâce à sa femme et au canapé présidentiel – maire d'une grande ville comme Brazza. Il a la chance d'avoir à sa disposition beaucoup d'argent mais, on n’invente pas l’intelligence et on ne triche pas non plus avec la nature, il n'a malheureusement pas la chance d'être intelligent ; on ne peut pas tout avoir dans la vie, tu sais ?... II n’a aucune idée de comment dépenser les milliards de francs qui lui ont été confiés pour la construction de la ville de Brazza. Il est incapable de voir que dans cette ville sans eau ni électricité, les routes sont piteuses, les écoles lamentables, les hôpitaux inexistants et que cette ville, censée être la vitrine de son pays, ressemble plutôt à un petit campement préhistorique. Le pauvre imbécile est perdu face à toute cette fortune qui lui tombe du ciel et moi, je l'aide à avoir la tête froide et à bien la dépenser !... Ce n'est pas mon co-pain !... Dis-moi ce que je pourrais bien faire avec un vieux dadais aussi taré que lui !... Tu peux aller avec lui, ça m’est égal !... Tout ce qui compte pour ces gens-là, c'est qu'ils jubilent, peu importe avec qui, même avec leur propre mère ou avec un chien !...
— Mais c’est de la prostitution, Yoyo !
— Appelle ça comme tu veux, mais c’est un business qui rapporte un million de francs par semaine, tu en connais d’autres comme ça ?
— Un… million par… semaine ? C’est ce que tu gagnes, Yoyo ?… […]
Au Congo, l’ennui est l’une des causes de dérangement psychique. Même lorsqu’on a de l’argent, on s’ennuie toujours car on ne sait jamais comment le dépenser. Il n’y a rien à acheter puisque rien n’y est produit. […]
En fait, la seule chose qu’on puisse y acheter et qui n’est jamais en rupture de stock, la seule marchandise pour laquelle on ait un large choix et qu’on ait la chance de consommer assez fraîche, c’est la femme. […]
Nous sommes de hommes libres car le cordon qui nous liait à notre mère avait été coupé dès notre naissance ; nous ne dépendons donc de personne.
Nous sommes de hommes libres dans un monde où chaque individu est doté de tous les attributs lui permettant de s’exprimer sous toutes les formes. Mais nous, que faisons-nous de notre liberté ? Nous refusons simplement d’en jouir parce que nous avons peur de nous assumer en tant qu’êtres libres, d’assumer notre citoyenneté ! »
Ainsi parle dans ce livre une africaine qui a mal à son pays d’origine, le Congo et par extension tout le continent.
Ce pays d’Afrique centrale est décrit et conté d’une manière qui ne saurait laisser indifférent et ne manquera pas de soulever des passions, des controverses.
Tant mieux, dirons-nous car le souci de l’auteur n’était nullement de caresser dans le sens du poil, mais de créer un choc et pourquoi pas un électrochoc qui puisse, si possible, contribuer à faire prendre conscience, à ses compatriotes mais également aux Africains qui se reconnaîtront dans son propos.
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